le cauchemar de darwin
En moins de deux heures toutes les dérives de la mondialisation semblent étalées dans ce documentaire sur l'introduction de la perche du nil dans le lac Victoria(Tanzanie).
Une dynamique de destruction du tissu économique et social local est mise en branle.
La perche du Nil se révèle être un prédateur vorace qui vide le lac de toutes les autres espèces.
L'industrie du poisson, perche du Nil, transforme l'économie vivrière du pays, essentielement agricole, en une économie d'exportation. Les fermiers deviennent des pêcheurs ou des agents d'usine de conditionement du poisson. Et cette nouvelle activité ne permet pas nécessairement aux indigènes de vivre car le poisson qu'ils travaillent est trop cher pour eux, on le destine à l'Europe -seules les carcasses ne répondant pas aux normes européennes sont vendues aux autochtones dans l'absence de toute règle d'hygiène élémentaire-. Et les ressources de l'agriculture n'existant plus, le pays connait la famine alors qu'il exporte des millions de tonne de poisson.
A la famine on associe la misère. On nous montre comment la misère de femmes vouées à elle même par la disparition de leur homme, les amène à se prostituer et à propager cet autre fléau de l'afrique, le SIDA. C'est la misère également qui produit des enfants des rues, des orphelins qui se shootent à la colle, mendient dans les rues et se prostituent.
Le poisson, une fois apprêté, doit être transporté jusqu'en Europe. On nous montre donc comment on prétexte de ce transport de marchandises pour acheminer des armes vers des pays en guerre. "Les enfants africains ont des armes à Noel".
En fait, la perche du Nil sert de fil conducteur à une description de malheurs de l'Afrique, sans escompter le silence des dirigeants qui ici prétendent qu'il est prégférable de montrer les aspects positifs de leur pays lorsqu'il est affamé et pollué par ceux là même dont ils cherchent encore à attirer les capitaux.
Une chose continue de me bluffer quant à ces enfants trainant dans les rues. Nombre d'entre eux étaient estropiés, unijambiste, mais cela ne les empêchait nullement de faire preuve d'une grande vitalité, de courrir, de sauter et leurs camarades ne semblaient nullement les plaindre.
La seconde chose qui m'aura bluffé est le rapport entretenu avec la
guerre et la mort. La guerre est perçue comme une bonne chose, elle
permettra de se sortir de cette situation (quant on réalise un peu les
volontés de puissance de quelques populistes qui s'appuient sur la peur
des autres ça fait froid dans le dos). Mais surtout un gars interviewé
expliquait qu'il n'avait pas peur de la guerre et que s'il y avait la
guerre il tuerait sans remords. Quant à la mort elle est omniprésente
et sous toutes les formes( maladies, meurtres, faim, violence), elle
m'aura paru moins dramatique dans leurs yeux.
Je me suis alors
demandé si finalement l'Europe n'est pas un peuple décadent, la
jeunesse et la vie étant plus du côté africain.